VERNISSAGE
31 JANVIER À 18H
ENTRÉE LIBRE
MERCREDI – SAMEDI
14H – 18H30
ÉVÈNEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION
Une exposition portée par Stimultania pôle de photographie à Strasbourg.
En partenariat avec le Préfet de la Région Grand Est, la Région Grand Est, La Collectivité européenne d’Alsace et la Ville de Strasbourg.
Cette exposition est en lien avec l’exposition du 24.01.25 à La Filature.
Peter handke, Par les villages
– Mais maintenant tu vas me dire ce que je dois faire : – Joue le jeu.
Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation, mais n’aie pas d’intention. Évite les arrière-pensées. Ne fais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image.
Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise les conflits de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux.
Passe par les villages, je te suis.
Peter Handke, Par les villages. Poème dramatique traduit de l’allemand par Georges-Arthur Goldschmidt, Gallimard, 1983.
Montre tes yeux présente quatre projets qui ont pris forme dans les cinq dernières années.
« Saints Loups a été créé lors d’une invitation dans le quartier Saint Leu de la ville d’Amiens et d’amour et de rage a été créé à Givors dans le cadre d’une invitation faite par Stimultania. Ces deux projets ont pour visée de produire une œuvre collective à partir des légendes et des mythologies de celles et ceux qui ont travaillé avec moi. Ils participent du même besoin, faire corps. Ils s’inscrivent dans l’écoute de celles et ceux qui vivent dans des territoires délaissés.
Les deux projets suivants, Asiles et Les alliances animales, montrés ici au stade d’esquisses, sont les ricochets des travaux précédents. Ils prolongent la nécessité de faire ensemble en tentant de déjouer le langage, à partir du geste. Asiles est un projet d’art en commun pensé avec des personnes exilées. Il s’agit ici de créer ensemble des refuges, réels ou imaginés, des espaces mentaux, symboliques, actifs. Les alliances animales sont un ensemble d’expériences de créations nomades, avec les animaux dans leurs territoires, ainsi qu’avec celles et ceux qui vivent des devenirs-animaux. Nous développons une attention mutuelle, créant les conditions d’une présence épaisse.
Les tentatives présentées ici partagent toutes les mêmes racines : les convictions farouches
Que créer peut être fait avec l’Autre.
Que nos rencontres sont des œuvres d’art.
Que chaque personne porte en elle des mythologies.
Que les images produites par l’écoute sont des amulettes chargées de sens.
Que les montrer peut être un besoin.
Qu’en nos temps troublés, l’attention mutuelle est une piste joyeuse. »
Mathieu Farcy
Mathieu Farcy, né en 1985, vit à Marvejols. Photographe après avoir été éducateur spécialisé, Mathieu Farcy place la question de la « disqualification sociale » au centre de son travail. L’intérêt qu’il porte à la parole et à la place d’autrui dans la société n’a cessé de traverser sa pratique photographique. Ses différents travaux s’inscrivent dans une réflexion autour de ce qu’il nomme des “documentaires horizontaux”, dans lesquels il implique les participants et les considère comme tout autant responsables de la création que lui. [Circulation(s) festival de la jeune photographie européenne, 2019]