ÉVÉNEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION
Yana Kononova est l’une des 7 photographes ukrainiens exposés dans « Parle-leur de batailles, de météores et de caviar d’aubergines » en 2022 (exposition réalisée dans le cadre du programme de soutien à l’Ukraine piloté par le réseau Diagonal avec le soutien du ministère de la Culture et de l’Institut français, en collaboration avec Le Carré d’Art, Centre culturel Pôle Sud et le Centre Claude Cahun).
Le travail de Yana Kononova, artiste et photographe ukrainienne née en 1977, se situe à la croisée de l’art, du documentaire et de la recherche visuelle sur les traces laissées par la guerre et les catastrophes écologiques. Depuis le début de l’invasion russe en 2022, elle développe une œuvre marquée par une attention constante aux formes visibles et invisibles du traumatisme — qu’il soit humain, territorial ou environnemental. Dans plusieurs de ses séries récentes (Radiations of War, Desperation of Landscape, Boar Gardening), Yana Kononova interroge l’empreinte de la violence sur les paysages, jusqu’à faire émerger une lecture critique et poétique de l’écocide.
Le terme d’écocide, aujourd’hui au cœur des discussions juridiques et éthiques contemporaines, désigne la destruction massive et intentionnelle d’un écosystème. En Ukraine, des événements comme la rupture du barrage de Kakhovka en 2023 — provoquant des inondations à grande échelle, la mort d’espèces animales et la contamination de vastes zones agricoles — s’inscrivent dans cette dynamique. Yana Kononova, à travers ses images, capte les conséquences tangibles et diffuses de ces transformations. Desperation of Landscape, par exemple, montre les berges asséchées du Dniepr et les îles qui émergent et combine des scènes d’excursions collectives avec les ruines imposantes du barrage.
Dans Radiations of War, la série qui jalonne le parcours de l’exposition, Yana Kononova traduit ce qu’elle appelle les « radiations » de la guerre — non pas seulement la contamination chimique, mais l’onde invisible du traumatisme, qui persiste dans les corps, les sols, les objets. La terre devient alors à la fois archive, blessure et organe sensible. On assiste à une forme de fusion entre nature, matière et mémoire, dans une « techno-géographie » où infrastructures détruites, ruines, forêts et canaux se croisent dans un même récit sensoriel.

Radiations of war, 2022 © Yana Kononova


Deperation of landcape, 2023 © Yana Kononova
Yana Kononova est née en 1977 sur l’île de Pirallahi dans la mer Caspienne et a émigré en Ukraine durant la guerre du Haut-Karabakh. Elle possède une double formation : d’abord en sciences sociales, puis en photographie, qu’elle étudie auprès de Viktor Marushchenko et au sein du collectif américain Image Threads. Son travail photographique, à la croisée de l’art et du documentaire, lui vaut plusieurs distinctions internationales, dont le prix Bird in Flight (2019) et le Hariban Award (2022).