INTÉRIEUR(S)

Yann Datessen

  • Exposition hors-les-murs

05.04 - 30.09.2022

  • Strasbourg

DANS L’ESPACE PUBLIC PLACE KARL FERDINAND BRAUN RUE KAGENECK, STRASBOURG

Avec le soutien de la Collectivité Européenne d’Alsace, de la DRAC Grand Est, de la Ville et Eurométropole de Strasbourg.

Une nouvelle bâche a été accrochée place Karl Ferdinand Braun, sur le pignon de la Maison de l’image. Il s’agit d’une photographie de l’intérieur d’une chambre d’hôtel à Marseille prise dans le cadre du projet sur Arthur Rimbaud par Yann Datessen.

Une belle perspective. Une place ouverte, au croisement d’une crèche, d’une école d’architecture et d’une maison de l’image. Des graffitis, des vélos, quelques arbres. Une sorte de non-lieu. Depuis mai 2021, Stimultania affiche de gigantesques photographies sur la place pour en faire un lieu de débats, de discussions, tout en veillant à la beauté des propositions plastiques. En avril 2022, c’est au tour de l’artiste Yann Datessen de choisir une photographie, qui deviendra monumentale. Ce geste est une première pierre au projet d’intervention qu’il mènera avec des résidents de la pension de famille ADOMA.

Intérieur, Marseille, mars 2019 © Yann Datessen

“ Cela faisait quatre ans que je marchais à travers le monde. Désert, jungle, bitume, quatre ans. Je suivais des traces, celles d’un homme qui a vécu il y a longtemps, un gars appelé Rimbaud. Ça s’était plutôt bien passé jusqu’à présent, quelques anicroches, un peu de prison, des amis qui ne voulaient plus me voir. Et puis, à Marseille, le dernier jour de quatre ans de marche, alors qu’un matin je courais comme un cabri pour aller dans les calanques, au détour d’une roche, je me suis rompu le talon d’Achille – le droit pour être exact. À Marseille, je suis donc resté dans une chambre, des jours et des jours, à Marseille où Rimbaud est mort, amputé d’une jambe – la droite pour être exact : je ne crois pas au karma, ni aux forces de l’esprit, aux signes pas plus qu’aux curieuses coïncidences, non je ne crois à rien de tout cela, seulement au vent qui tourne” Yann Datessen. 

L’image est choisie par les habitants de la pension de famille ADOMA, située dans la rue du faubourg de Saverne toute proche. Intérieur devient un paradoxe : synonyme d’enfermement pour Yann Datessen, elle évoque stabilité et équilibre pour les pensionnaires. Ils se souviennent du jour où les travailleurs sociaux leur ont fait visiter leur studio – une chambre à eux, “un lieu où l’on peut poser ses bagages et s’arrêter enfin” dira Nathalie. Ce mot, “intérieur”, avec toutes les couches de compréhension qu’il contient, devient le socle du projet mené sur une semaine par le photographe avec un groupe de résident.


Né à  en 1977, Yann Datessen vit et travaille à Paris. Il découvre et apprend le métier de photographe en autodidacte, sur le tard. Il développe des séries plurielles, sur des temps longs qui s’ancrent dans le paysage sous la forme de grandes installations dans l’espace public ou bien de petites boites flottant sur les fleuves européens à la disposition de tous. Entre 2016 et 2020, le photographe part sur les traces de Rimbaud à travers le monde.