Rituels d’enfants

Émilie Saccoccio et 129 enfants

  • CRÉATION ARTISTES / PUBLICS

11/03 - 19/06/2018

Tignieu-Jameyzieu

© Émilie Saccoccio et 129 enfants

Photographies réalisées par les élèves

Intention artistique pensée et menée par Émilie Saccoccio, photographe

Temps de création mené sur 50 heures réparties sur deux semaines en mars et juin 2018.

Avec : Charlotte Jargot, Agnès Piret, Bérangère Oziol, Sylvia Saubin et Lucile Richer, enseignantes et Jean-Paul Patichoud, directeur.

À l'école Auguste de Renoir, Tignieu-Jameyzieu (38).

Restitution le 19 juin 2018.

Intervention artistique portée par Stimultania Pôle de photographie et la DSDEN Isère.

Soutenue par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre des projets d'éducation artistique et culturelle et l'école Auguste Renoir.

Émilie Saccoccio, photographe lyonnaise, a investi durant deux semaines l’école Auguste Renoir de Tignieu-Jameyzieu, pour travailler avec cinq classes sur les notions de rituel et de geste. Qu’est-ce qu’un rituel ? À partir de quand un geste quotidien prend-il cette valeur ? Comment observer un geste qui est rituel pour les uns mais ne veut certainement rien dire pour les autres (ainsi les rites qui diffèrent selon les cultures) ? Comment en rendre compte par l’image ?

Chaque classe a pris le temps de se poser face à ce vaste champ de réflexion pour faire des inventaires, des listes. Et chaque classe s’est appropriée une direction : celle qui raconte les rituels de l’école, de la classe ; qui parle du passage ; les rituels de grands et puis les rituels intimes, personnels. Les groupes ont travaillé le geste puis construit la photographie en cherchant le lieu adéquat où la déposer – un espace qui n’a plus rien à voir avec le contexte de départ.

Ils ont ainsi exploré les possibilités narratives de l’image, transcendant pendant un temps les limites du connu pour s’installer dans l’imaginaire. Les photographies investissent aujourd’hui les murs de l’école ainsi qu’une série de cartes postales remise à chaque enfant participant.

J’ai voulu dans ce projet interroger la réalité des enfants, parce que j’avais envie de la connaître, en évitant toute projection d’adulte. La question du rituel était une porte d’entrée pour découvrir ce qui compose leur quotidien, redonner une présence à des gestes banalisés. J’ai imaginé un processus de travail où les enfants seraient autant engagés que moi dans l’imagination puis la réalisation des photographies.

Ces images fonctionnent aujourd’hui comme des invitations, des suggestions, s’appuyant sur le décalage. En les regardant a posteriori j’ai compris à quel point dans cette invitation de création faite aux enfants, j’avais souhaité les rendre forts, puissants, maîtres de leurs gestes, au centre de ces images. J’aimerais que l’on accède à la beauté continue dans le geste anodin. C’est en le déplaçant dans un autre contexte, en lui donnant une portée chorégraphique qu’il m’a semblé que cela devenait possible.

Ces enfants sont comme des danseurs, des interprètes, des émissaires d’un monde de l’enfance. Dans ces images on retrouve la dimension solennelle et mystérieuse du rituel, la survivance de ce qui possède du sens mais pas nécessairement de but.

Émilie Saccoccio


Production : 1680 cartes postales 110 x 150 mm sur papier satin, réparties en 5 séries de 7 à 8 visuels, distribuées aux élèves / 40 tirages 300 x 400 mm contrecollés, 5 tirages 700 x 900 mm sur dos bleu installés au sein de l’école Auguste Renoir à partir du 19 juin 2017.


Émilie Saccoccio : née en 1989, elle vit à Lyon. Après une licence en Arts Plastiques, spécialité photographie et vidéo à St-Étienne en 2010, Émilie Saccoccio poursuit son cursus artistique à l’École Supérieure d’Art de Lorraine – Design Graphique, image et narration, dont elle sort diplômée en 2012 puis à la Haute École des Arts du Rhin, DNSEP Art objet en 2015. Elle obtient en 2012 le prix Rotary, 1er prix de photographie des écoles d’arts de Lorraine et Meurthe et Moselle ; en 2013 le prix Vortex dans le cadre des Rencontres des Écoles d’Art du Grand-Est. Elle expose à Nancy, Dijon, Mulhouse, Strasbourg et au Mexique où elle réalise deux de ses projets (Reyes et Neblina). Elle utilise la photographie et la vidéo dans une démarche artistique qui questionne les représentations communes (les liens familiaux, le rapport avec la mort, le langage, le travail) pour se loger dans les interstices de l’interprétation, une interprétation sensible, vibrante, onirique.